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Des plongeurs aident à identifier des sphères mystérieuses
Sphère mystérieuse aperçue près de la Norvège. (Photo : H Ringvold, M Taite et al)
L’identité de ce mystérieux « blob » d’un mètre de diamètre, l’un des nombreux repérés par les plongeurs dans les eaux du nord-est de l’Atlantique au cours des 1 dernières années, a enfin été révélée dans une nouvelle étude.
Quatre-vingt-dix sphères gélatineuses de ce type ont été signalées, notamment en Scandinavie et également en Méditerranée, mais ce n'est que maintenant qu'il a été confirmé qu'elles contenaient des embryons de calmar à nageoires courtes, à différents stades de développement et enfermés dans une bulle de mucus en désintégration.
Les observations avaient été enregistrées depuis la surface jusqu'à 70 m de profondeur, à des températures comprises entre 8 et 24 °C, et les sphères semblaient généralement flottantes de manière neutre, avec plus de la moitié d'entre elles ayant une bande sombre traversant leur centre.
Pendant des décennies, le manque d’échantillons de tissus a entravé l’identification scientifique. Ensuite, une campagne de science citoyenne a été lancée par les dirigeants de l'étude internationale, Halldis Ringvold de l'organisation de zoologie marine Sea Snack Norvège et Morag Taite de l'Université nationale d'Irlande.
Ils ont adressé une demande sur les réseaux sociaux aux clubs et centres de plongée au Royaume-Uni et en Irlande ainsi qu'en Norvège, en Suède et en France, en Espagne, au Portugal, en Italie, à Malte, à Chypre et en Croatie.
Leur appel a été répondu lorsqu’en 2019, des plongeurs ont réussi à récupérer de petits échantillons de tissus provenant de quatre de ces sphères au large de la Norvège. Contenant des œufs et du mucus, les échantillons sont restés intacts après avoir été collectés dans des bouteilles et conservés dans les réfrigérateurs domestiques.
L'analyse de l'ADN a confirmé que les masses d'œufs étaient celles du calmar à nageoires courtes (Illex coindétii), membre de la Ommastrephidés famille. On estime désormais que chaque sphère pourrait contenir des centaines de milliers d’œufs à différents stades de développement.
Les Ommastrephids constituent la famille de céphalopodes la plus abondante et la plus largement répartie, des mers subarctiques aux mers subantarctiques. Ils représentent également 70 % des captures de céphalopodes par les pêcheries commerciales.
Les femelles à nageoires courtes sont dites « reproductrices intermittentes », pondant plusieurs fois sur des périodes de quelques jours et parfois de quelques semaines. La femelle cesse de grandir à ce moment-là et meurt peu de temps après – sa durée de vie naturelle ne dépasse pas un an.
La fécondation a lieu pendant le frai, et on pense que le mucus généré par la mère est destiné à maintenir les œufs à la fois flottants et à l'abri des prédateurs.
On pense que la traînée sombre provient de l’encre libérée lors de la fécondation des œufs et qu’elle n’est présente que s’ils ont été récemment pondus. Une théorie est que cela crée une illusion visuelle d’un gros poisson, afin de repousser les prédateurs.
5 Avril 2021
En revenant sur des rapports antérieurs faisant état de sphères correspondant à la description de celles analysées, les chercheurs ont prudemment conclu que leur similitude de forme et de taille rendait probable que beaucoup appartenaient à la même espèce.